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Au gré de ses hallucinations colorées, Véronique
Durieux fait surgir ses figures oniriques les plus chères : la femme,
le loup, les gisants, les croix... Formes qui semblent le devoir au hasard
d'une peinture libre et aventureuse et s'imposent néanmoins avec
une récurrence obsédante
("loup sous le poids du vert",
"couple embrumé").
Le geste est vigoureux, farouchement dissonant, volontairement
chaotique mais prompt à être séduit par l'anecdote.
Ici pointe un museau, là un bonnet d'âne, plus loin une femme
est dévorée par un oiseau. Aucun thème n'est trop
naïf dans la fouille valeureuse du rêve et de l'inconscient
entreprise par l'artiste.
Glacis, dilutions, coulures... Véronique Durieux privilégie
la transparence et la fluidité des pigments acryliques "lâchés"
plutôt que travaillés. Un inachèvement revendiqué
grâce auquel rien n'est figé, rien n'est occulté et
libre cours est donné à l'interprétation. "Le
sujet peut se perdre et la peinture prendre le dessus", dit-elle.
Ou encore : "L'histoire du tableau vient au moment où je le peins".
Peinture jamais préméditée qui se laisse surprendre
et submerger par sa propre violence autant qu'elle peut s'attendrir d'une douceur trompeuse
("femme à la tache rose et aux gisants").
De l'influence
revendiquée de Willem de Kooning, Véronique Durieux a tiré
la grande indépendance de ses formes. Elle recherche un étonnement,
peut-être une extase. Elle est de ces peintres qui interrogent leur
peinture sans chercher à la dompter.
Pour la première fois dans cette exposition, Véronique Durieux présente des sculptures. Groupe de femmes et de loups. Formes primaires, voire "premières", dans la continuité des Vénus antiques et matricielles. Voluptueusement modelées dans la glaise, ces œuvres constituent un pendant terrestre aux divagations browniennes de sa palette.
Isabelle NEBOT
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