Galerie Le dépôt Matignon - Paris
janvier 2001
[ commentaire ]
[ mise en espace ]
[ oeuvres ]

recto
cliquer sur la photo pour voir le verso


Au gré de ses hallucinations colorées, Véronique Durieux fait surgir ses figures oniriques les plus chères : la femme, le loup, les gisants, les croix... Formes qui semblent le devoir au hasard d'une peinture libre et aventureuse et s'imposent néanmoins avec une récurrence obsédante ("loup sous le poids du vert", "couple embrumé"). Le geste est vigoureux, farouchement dissonant, volontairement chaotique mais prompt à être séduit par l'anecdote. Ici pointe un museau, là un bonnet d'âne, plus loin une femme est dévorée par un oiseau. Aucun thème n'est trop naïf dans la fouille valeureuse du rêve et de l'inconscient entreprise par l'artiste.
 
Glacis, dilutions, coulures... Véronique Durieux privilégie la transparence et la fluidité des pigments acryliques "lâchés" plutôt que travaillés. Un inachèvement revendiqué grâce auquel rien n'est figé, rien n'est occulté et libre cours est donné à l'interprétation. "Le sujet peut se perdre et la peinture prendre le dessus", dit-elle.  Ou encore : "L'histoire du tableau vient au moment où je le peins".
 
Peinture jamais préméditée qui se laisse surprendre et submerger par sa propre violence autant qu'elle peut s'attendrir d'une douceur trompeuse ("femme à la tache rose et aux gisants"). De l'influence revendiquée de Willem de Kooning, Véronique Durieux a tiré la grande indépendance de ses formes. Elle recherche un étonnement, peut-être une extase. Elle est de ces peintres qui interrogent leur peinture sans chercher à la dompter.
 
Pour la première fois dans cette exposition, Véronique Durieux présente des sculptures. Groupe de femmes et de loups. Formes primaires, voire "premières", dans la continuité des Vénus antiques et matricielles. Voluptueusement modelées dans la glaise, ces œuvres constituent un pendant terrestre aux divagations browniennes de sa palette.

Isabelle NEBOT
> retour page Expositions