Art Contemporain - Espace Auteuil
mai-juin 2002

"montagnes, femmes-montagnes"
sculptures

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Invitation

   Des femmes-montagnes, des femmes-seins… Véronique Durieux délaisse momentanément la couleur pour travailler l'argile. L'ocre pastel de ses terres cuites à peine cirées d'un pigment blanc offrent une surface grenue, parfois lactée.
    La série de sculptures exposées marque un retour à la forme primaire du cône, suprême icône maternelle, épure ultime de la vénus callipyge. La femme devient le sein nu qui bientôt bourgeonne, éructe en en six tétons, autant de versions du "destin de la mariée". Réinventant avec liberté et humour la "louve romaine", l'artiste fait germer le sein lui-même en six figures rassemblées dans une danse ou dans une procession. La mariée ainsi démultipliée éclate en formes semblables et heureuses. Mais plus loin, le cône se hérisse. "La montagne aux arbres" comme "la montagne à l'arbre d'hiver" avec leur lot de buissons épineux évoque le destin christique d'une pieta.
    Le sculpteur revient toujours à la forme épurée du cône. A la solitude de cette femme mamelon, colline charnelle que visite un habitué de l'univers de l'artiste, le loup. Sa forme bienveillante ("loup câlin"), se greffe sur la forme minérale ("femme, montagne et loup blotti").
   Ainsi sollicitée par l'animal, la femme devient charnelle et apparaît comme Eve en tresses et en cheveux. Sirène minérale encore retenue par la terre. Avant que l'artiste ne rompe cette malédiction en ouvrant dans le cône un passage. La femme montagne laisse alors entrer la lumière.
    Sa propre figure émerge, le cône devient le socle de son assomption. Une voie lumineuse s'ouvre à l'artiste, sevrée de la terre.

Isabelle NEBOT
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