Exposition : 4 éléments = un cube
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     Eygalières, Maison Roque - juillet 2007
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4 éléments = un cube (invitation) - cliquer pour agrandir
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L'armée de patience - cliquer pour voir les sculptures
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         Ma rencontre avec Guy Bareff et notre amitié, les rendez-vous au four de Tulette où j'apporte mes terres, nous ont conduit à créer ensemble ce cube des quatre éléments avec Flavie Van Der Stigghel, Guy Bareff et Gérard Drouillet.

Tout est parti de cette énorme Venus de terre que je cherchais à "cuire". Les pages jaunes de l'annuaire m'ont conduite vers Guy, enregistré comme "potier" et dans lequel je trouvais un artiste à part entière, par son choix de vie et ses dons.

Cette forme composée à huit mains marque une étape dans cette aventure commune et individuelle qu'est la création. Et ce n'est pas la moindre surprise de mon chemin personnel commencé par les mathématiques, poursuivi avec l'école du Louvre puis par une recherche artistique dans divers ateliers de Paris.

A Solérieux, dans la Drôme, où j'ai réalisé un jardin de sculptures, je trouve dans le cadre naturel une inspiration riche. Une mise en scène possible de mon travail, un espace, une lumière qui m'ont permis également de photographier et de poursuivre mon travail de peintre.


         "L'armée de patience" que je montre aujourd'hui chez Gérard Drouillet est un groupe de quinze sculptures, autant de déclinaisons d'une forme qui est devenue mienne.

         C'est lors de ma dernière exposition "le loup suspendu" que j'ai été amenée à réexposer ma première grande sculpture de terre appelée la vénus noire. Alors que j'ai l'impression d'évoluer très vite à tel point qu'une sculpture réalisée est derrière moi et que je suis toute entière tournée vers "la prochaine", j'ai ressenti que sept ans après, cette vénus noire me parlait encore et qu'elle était encore devant moi, à venir. Ce qui la distingue de mes autres vénus, ce sont ses jambes, dont la finesse n'est possible que parce qu'elle est assise sur un socle. Car j'utilise une technique "archaïque" de modelage en creux. J'aime me plier aux contraintes de la terre. J'aime que les traces de mes doigts soient présentes. Cette technique vieille comme la terre me convient.

Ses jambes, celles de cette vénus noire, pieds touchant à peine la terre, sur la pointe peut-être. Et bien sûr, comme les autres vénus, cuisses rondes, grosses fesses, ventre appel de caresse… maternité… mais petits seins pourquoi ? Petits seins, petits et pas autrement.

Il y a deux niveaux dans mon travail assez distincts finalement chez moi, en tout cas moins entremêlés que chez d'autres parfois, l'imagination et la réalisation.

Dans un premier temps je m'imagine être cette femme que je vais réaliser. Elle m'apparaît en pensée. J'imagine par exemple que l'angoisse qui me noue devient un nœud, quelqu'un (Dieu peut-être) aura pris la femme et aura fait un nœud d'elle. Cette idée me pénètre, je la rêve, je la caresse, elle m'habite. Le désir m'incite alors à la réaliser et je la réalise un peu comme une prière. C'est l'impression que je ressens lorsque je mets mon tablier, et je prends la terre et je sais que ce geste devra s'accomplir un grand nombre de fois et que la terre "montera" très lentement. J'attends le moment important où j'arrive au pubis, moment préparé par l'élargissement des cuisses puis plus vite viendra celui où la taille se resserra. Promenade lente dans la forme féminine, ascension douce jusqu'à la tête travaillée en terre très fine, dernière touche et la sculpture se ferme… le plus souvent.

Ou bien j'imagine qu'à force d'attendre, je germe. J'imagine que je deviens cet arbre que j'ai tant de fois représenté avec une femme dans mes dessins et peintures. J'imagine une relation entre la femme représentée et l'arbre. L'arbre traverse la femme ou pose son ombre sur elle, la femme est la terre sur laquelle pousse l'arbre, la femme est l'arbre et tous deux ne font qu'un -Il y avait un loup mais je ne veux plus de loup- Cette femme est seule et elle attend. Et l'histoire se met en place. L'histoire : des idées qui se succèdent, idées suivies de l'exécution, la prière, le travail des mains. J'ai mal aux mains parfois. L'idée qui passe par les mains… puis par le feu.

Aussi, des quinze pièces présentées chez Gérard Drouillet, huit autres attendent.

Puis je m'arrêterai.

Pour un moment.

Autour de ces vingt-trois pièces, j'ai fait tourner des mots. J'ai associé à chaque sculpture des mots, créant ainsi une poésie autour d'elles. J'ai donné le titre "L'armée de patience" à ce livret où les mots accompagnent les photos de ces vénus sans cordes vocales.

Véronique DURIEUX - 13 juillet 2007